Solemnia, Sith lumineuse.

C'était une superbe demeure, un immense palais fait de tours circulaires, plus haut que large, perché à flanc de falaise, au bord de l'océan démonté. Plus de la moitié de sa surface surplombait la mer, suspendu dans le vide, accroché au bord des falaises, à des dizaines de mètres au-dessus de la surface. Les tours longeaient la hauteur de la falaise  autant qu'elles s'élevaient au-dessus d'elle. Les hautes vagues s'écrasaient à son pied, avec la fureur des tempêtes, et parfois les embruns léchaient les étages les plus bas du palais — et le rugissement permanent des éléments faisait partie du quotidien des habitants.

Mais la véritable violence n'était pas au-dehors du château. Elle venait du Baron Tarkos, un homme dont la haute stature, le visage viril, le charisme naturel aux hommes nés pour le pouvoir, dissimulaient mal un caractère brutal, sadique, méprisant.
Tout le personnel du château était constitué d'esclaves — à l'exception des gardes, dont la loyauté à Tarkos était acquise. Les esclaves, il y en avait de toutes sortes, de toutes espèces et de tous âges; mais tous étaient maltraités : la cruauté de Tarkos n'était pas seulement un appendice du pouvoir, mais un loisir, une jouissance. Tout était prétexte à punition, et la sévérité du jugement n'avait d'égal que la cruauté du traitement.
Les plus à plaindre, bien sûr, étaient les femmes, et surtout les plus jolies d'entre elles : elles étaient son harem, ses objets sexuels, et les défouloirs de son imagination perverse. Pour elles, le fouet n'était pas une punition, seulement l'un des divertissements du maître, un des innombrables préliminaires possibles au viol de l'une d'elles. Elles étaient nombreuses, à n'avoir pour seul rôle que d'attendre, en le redoutant, le retour du maître, et à subir ses ignobles plaisirs. Leurs cris et gémissements, eussent-ils traversé les murs, auraient sans doute été noyés dans le bruit des éléments déchainés.

Solemnia était née en esclavage. Elle n'a jamais connu son père, et sa mère mourut quand elle avait 6 ans. Son vécu chez Tarkos était contrasté. Il y avait le travail — en tant que petite fille, elle était affecté aux tâches ménagères, de nettoyage ¬— il y avait l'injustice, la cruauté, et surtout, l'ignominie de n'être considérée que comme une chose appartenant à quelqu'un.
Mais il y avait aussi l'amitié, la relation quasi familiale avec les autres esclaves. Il y avait les deux danseuses Twi'leks, qui lui apprirent les subtilités de la danse, celles qu'elles aimaient faire, celles qu'elles faisaient pour exprimer leurs sentiments, finement différentes de celles qu'elles faisaient à la demande du maître.
Et puis, il y avait la Force. Solemnia écoutait les vagues, le bruit de la mer et vent, la fureur des éléments, qui résonnait avec sa propre colère contre ce maître odieux. Il y avait les subtils changements dans l'atmosphère, aussi ténus que les variations dans la danse, aussi importants que les variations dans les émotions qui agitaient l'âme de la jeune fille. Il y avait le bouillonnement des éléments, la force de la vie, la puissance des passions — et les infinies couleurs de la passion : haine et colère envers le maître, bienveillance envers d'autres esclaves, amour et fraternité avec ses compagnes d'infortune, cruauté subie, souffrance de la condition d'esclave, désespoir associé; joie et plaisir de l'apprentissage de la lecture, de la danse, du savoir; bouillonnement du désir de liberté et de vengeance, harmonie entre le tumulte des passions contradictoires de Solemnia et le ressac infiniment puissant de l'océan.

Il y avait aussi l'incroyable pouvoir de Solemnia de s'imprégner des émotions. Quand elle touchait du doigt la main d'une autre esclave, elle pouvait ressentir ses émotions, et même, parfois, vivre ses expériences, en ressentir les sensations avec une acuité souvent douloureuse.
Jusqu'au jour où le corps de la jeune fille dévoila les formes d'une jeune femme, et où le maître en aperçut la beauté, la fraîcheur. Elle lut dans son esprit le désir, la libido, la violence. Elle avait déjà lu dans l'esprit de ses camarades la souffrance et l'humiliation, avec l'acuité d'une personne infiniment sensible à la Force. Avant même qu'il l'eût saisie par le bras pour lui faire subir les outrages qu'elle avait trop bien compris, elle se débattit. Il la frappa. Elle lui enfonça ses ongles dans la chair, visant instinctivement les parties sensibles. Il l'envoya bouler, décrocha son knout électrique, utilisé pour punir et torturer. La décharge cinglante la fit se tordre au sol de douleur. Son esprit se replia. La douleur devint pure haine, pure rage, et la rage s'alimenta de la souffrance accumulée, qu'elle avait ressentie chez elle-même et chez les autres, du désir de liberté qui les unissait, et de la haine pure qu'elle avait ressenti depuis toujours. Tous les sentiments se fondirent en une conscience aigüe de toutes les énergies émotionnelles, et de la résonnance entre celles-ci et le rythme chaotique de la tempête. Les frontières s'abattirent. Son être se fondait avec le monde, avec la Force. Elle concentra sa haine sur leur bourreau, et des éclairs jaillirent de ses mains, et ensevelirent l'homme sous un torrent de souffrance concentrée, un ressenti d'années de souffrances canalysées en une épouvantable décharge. Pendant plusieurs minutes, il se convulsa sous une douleur absolue, les yeux fixés avec incrédulité sur ceux plissés d'intelligence, de son esclave qui lui faisait vivre, en quelques minutes, la somme d'années de tortures. Les spasmes d'agonie le maintinrent en convulsion pendant encore de nombreuses minutes après que Solemnia se fût évanouie, épuisée par les incroyables vagues d'énergie qu'elle avait focalisées.
Lorsqu'un inquisiteur Sith vint enquêter sur la mort du Baron-gouverneur, il reconnut le potentiel de la jeune fille. "Les plus forts doivent régner, et si telle est la nature d'un esclave, le maître doit mourir pour assurer l'ascension d'un plus apte, mais si l'esclave n'est qu'un faible, alors la rébellion est punie de mort.". La décision était simple : Solemnia fut envoyée sur Korriban pour y passer les épreuves qui déterminerait si elle allait prouver sa valeur et devenir une Sith, ou périr, ce qui serait une bonne punition pour son insubordination.
Quant aux autres esclaves, ils devinrent propriété du gouvernement de la planète.

Mais dès que Solemnia, réussissant les épreuves, puis rendant service à l'Empire, eut suffisamment d'argent et de pouvoir, elle racheta au gouvernement ses anciens compagnons d'infortune, et leur offrit une nouvelle vie de liberté.

Aujourd'hui, Solemnia est un Seigneur de l'Empire. Elle a une apprentie, une équipe complète pour son vaisseau, un appartement à Dromund Kaas, une résidence secondaire sur Nar Shaddaa, au sein d'un palais flottant. Les deux  Twi'leks qui lui avaient appris à danser choisirent de rester à son service, en tant que danseuses et maîtresses des arts et divertissements.

Solemnia est une Sith du côté lumineux, qui croit que la passion est source de force et de victoire, mais que ces passions ne doivent pas être uniquement les passions destructrices. L'amour, l'amitié, la compassion, sont sources d'autant de remous dans la Force. Et ce pouvoir devrait être utilisé pour améliorer la galaxie et promouvoir les capacités de chaque individu, et non gaspillé dans des luttes fratriucides et l'oppression des peuples selon des hiérarchies archaïques.

Solemnia est niveau 60, Lumière V
Expérience MMO : très faible
Par contre expérience du JdR IRL, et de l'écriture.